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Les "mémos" de WikiLeaks font craindre le "Big Business"

La diffusion de télégrammes de la diplomatie américaine fait frissonner les plus avertis des chefs d'entreprise. Le risque de voir les dossiers commerciaux, le fichier clients, les projets innovants et l'ensemble des messages, échangés entre collègues donne le vertige aux directeurs de la sécurité des entreprises. En France, le Club des directeurs de sécurité des entreprises (CDSE) reconnaît "évoquer très souvent le problème".
Dans un article de la Harvard Business Review, deux spécialistes américains du "risk management", David Gordon et Sean West, estiment que c'est la nature du risque qui a changé. Jusqu'à aujourd'hui, un mail vengeur à l'encontre d'un concurrent risquait de fuiter à la "une" des journaux. Désormais, le risque est de découvrir que des milliers d'"informations banales auront fuité parce que quelqu'un, au sein de l'entreprise, aura été en position d'agir ainsi".
Cette extension du risque peut avoir plusieurs explications. "La jouissance d'une information libérée fera des émules, et des personnes utiliseront des outils toujours plus sophistiqués pour collecter et diffuser des données sans se soucier du sens que peuvent avoir ces informations", écrivent-ils.
"LA FUITE N'EST PAS UN DÉLIT"
Guilhem Giraud, conseiller sécurité de Bull, pense que l'affaire WikiLeaks n'est"qu'un prélude. La confiscation du pouvoir et de l'argent par une minorité dans les pays développés engendre un désir de rétorsion". Et la tentation d'exploiter l'information comme une arme est d'autant plus grande que "la fuite n'est pas un délit", déclare-t-il. La notion de "patrimoine informationnel" n'a pas d'existence juridique.
Julian Assange a annoncé que le "Big Business" était l'une de ses cibles. Il promet la diffusion en 2011 de documents internes d'une grande banque américaine. L'astuce, par exemple, de la banque d'affaires Goldman Sachs pourrait ainsi se retourner contre elle : à une commission d'enquête du Congrès américain qui lui demandait d'expliciter son rôle dans la crise financière de 2008, elle a riposté en inondant la commission de dizaines de millions de documents, pour la plupart dénués d'intérêt.
Si les parlementaires américains ne sont pas outillés pour trier le bon grain de l'ivraie ; d'autres, banques concurrentes, hedge funds à la recherche des forces et faiblesses d'une entreprise, ont les moyens de déployer les programmes informatiques permettant d'analyser ce magma informationnel.
Yves Mamouhttp://www.lemonde.fr

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